

Salhon a publié son premier verset en 1973 dans « Prêtria », revue russe clandestine et catholique. « Verset » comme un jeu, désillusion d'une religion d'Etat, d'un opium du peuple, comme un spleen moscovite ; son nom, Salhon, comme une énigme. Pendant plus de 20 ans, personne ne sut qui se cachait sous ce pseudonyme. Salhon était soviétique, c’est tout ce que l’on savait. Ce que l’on croyait. Était-il Russe ? Moldave ? Ukrainien ? Il écrivait en russe mais cela ne voulait pas dire grand-chose.
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Salhon a publié son premier verset en 1973 dans « Prêtria », revue russe clandestine et catholique. « Verset » comme un jeu, désillusion d'une religion d'Etat, d'un opium du peuple, comme un spleen moscovite ; son nom, Salhon, comme une énigme. Pendant plus de 20 ans, personne ne sut qui se cachait sous ce pseudonyme. Salhon était soviétique, c’est tout ce que l’on savait. Ce que l’on croyait. Était-il Russe ? Moldave ? Ukrainien ? Il écrivait en russe mais cela ne voulait pas dire grand-chose.
Quasiment toutes les revues littéraires dissidentes des pays de l'ex-bloc de l'Est, celles qui se fabriquaient à coup de stencils, de ronéos et de sueurs et qui circulaient, on ne sait pas comment, sans doute par les étudiants, de Samara à Kaliningrad, de Kiev à Vladivostok, et qui, parfois, sortaient sur l’occident par la porte Bulgare ou Lettone, ont publié des versets salhoniens entre 1973 et 1990.
Aujourd'hui, nous en savons un peu plus.
Salhon vit tranquillement dans le Maine (U.S.A) et a repris son patronyme : Stan Mistchevkhov. Son œuvre est, sans aucun doute, celle d’un poète représentatif de la « beat generation on the road » russe, celle qui découvrit le jazz avec Herbie Hancock, Miles Davis ou Nina Simone. Les disques passaient les frontières, je me souviens, dans les valises de lycéens, dont j’étais. Il a écrit a priori plusieurs centaines de versets, j’en ai retenu 47 qui m’ont semblé appartenir à un même instant de vie.
Depuis plus de dix ans maintenant que je transcris Les Versets Salhoniens, il m'en vient de Russie, de République Tchèque ou Slovaque, de Pologne, de Roumanie, de Bulgarie, bref d'un peu partout et même d'Europe de l'Ouest grâce à Nilda Quiehal et Angelo Moria qui, comme moi, tentent l'aventure l'un pour l'Espagne, l'autre pour l'Italie.
Il existe pour un même poème tant de versions, autant de versions qu’il y a de langues et parfois même deux versions pour une seule langue. Certains textes ont plus de trente-cinq ans, la copie les a déformés. Les traductions, une à une, ont modifié l’enveloppe.
Chaque fois, mes amis se chargent de la récolte, de comparer les grains, de me préparer un premier mot à mot lorsque le verset a été publié dans une langue que j’ignore. Souvent, ils enregistrent le poème pour que je puisse comprendre le rythme, entendre la musique. Ensuite, je cherche, parfois je trouve l'équivalent référentiel, la résonance culturelle, ce que nous pouvons comprendre, appréhender grâce à nos champs ou nos lacunes. C’est pour cela que je ne parle pas de traduction mais de translation, un déplacement du texte, du corps du verset, d’une langue l’autre.
J'espère que vous aimerez autant que moi ces versets. Je tiens à remercier ici en premier lieu Yannouch, qui déjà m'en parlait au début des années 80, et Jirina, bien sûr, qui a permis à ces translations d'être.
translation hétéronymique
Philippe Milbergue
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