

Sommeil d’éclat et Haïku kara Satho sont deux recueils consacrés aux corps, à la relation des corps, à la jouissance, à la puissance des corps, à l’impact de la relation des corps dans une vie de couple. À la séparation des corps aussi, aux chocs de cette séparation dans la relation entre deux êtres, à la solitude qui s’empare de celui qui reste, de celui qui part, cette mélancolie qui prend place, qui prend la place de l’enthousiasme de la rencontre.
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Sommeil d’éclat et Haïku kara Satho sont deux recueils consacrés aux corps, à la relation des corps, à la jouissance, à la puissance des corps, à l’impact de la relation des corps dans une vie de couple. À la séparation des corps aussi, aux chocs de cette séparation dans la relation entre deux êtres, à la solitude qui s’empare de celui qui reste, de celui qui part, cette mélancolie qui prend place, qui prend la place de l’enthousiasme de la rencontre.
Akima est née aux Philippines, de parents japonais. Son enfance a été bercée de ces deux langues. Celle de l’école, de la ville, de l’externe et celle de la maison, de la famille, de l’interne. Sommeil d’éclat a été écrit en philippin, Haïku kara Satho en japonais. Ce choix n’est pas un hasard. Sommeil d’éclat est une pulsion vers l’autre lorsque les Haïku sont des fulgurances intimes.
Ces deux langues sont très différentes. Le philippin qui soutient l’écriture de Sommeil d’éclat, est une langue assez récente. Elle a servi à l’unification du pays. Au dialecte tagalog sont venus s’ajouter des emprunts espagnols qui donnent un rythme plutôt « occidental » à cette langue et à la poésie philippine. C’est une langue tournée vers le monde. Un port plus qu’une île. C’est dit, ici, un peu rapidement, mais la sonorité de cette langue nous est proche, familière, beaucoup par les allitérations qui nous bercent longuement.
Le japonais utilisé par Akima, lui, est de forme classique. Langue agglutinante par nature, le japonais, comme l’allemand, permet la construction de nouveaux concepts en « collant » des éléments linguistiques disparates les uns aux autres. Tout vient se construire autour de. Une île plus qu’un port. Mais là s’arrête la comparaison avec l’allemand puisque le japonais ne connait ni articles, ni nombres, ni genres et que les verbes ne sont pas conjugués selon les sujets. De fait, l’interprétation des textes, et leurs translations, sont poétiquement très riches par la diversité des sens que nous pouvons apporter aux propositions lexicales.
Au-delà de cela, qui reste technique et n’intéresse que moi, ou presque, l’écriture d’Akima est une écriture très physique. Sensuelle. Charnelle. Et, aussi étrange que cela puisse vous paraître, je dirais qu’elle est « humide ». Comme une enveloppe placentaire. Comme si chaque texte était une île au cœur d’un océan protecteur.
Une synthèse en quelque sorte et un rapprochement évident, pour moi, de l’intime et de l’extime.
Lorsque nous nous sommes rencontrés, au début des années ’80, je ne savais rien de tout cela et j’ignorais totalement ces langues. Je vivais de petits boulots en attendant la gloire et la renommée (j’attends toujours…). J’étais, parfois, « écrivain public » et rédigeais des demandes administratives au sein d’une association d’aide aux migrants. Akima, elle, travaillait comme femme de ménage, garde d’enfant, cuisinière, bonne à tout faire pour une avocate parisienne qui profitait malhonnêtement (le mot n’est-il pas trop faible ?) de la situation précaire de celle qui allait devenir et qui reste mon amie à jamais. Dans son pays, Akima était secrétaire de direction, maitrisait quatre langues : le philippin bien sûr, l’anglais, le japonais et l’espagnol. Mais malheureusement pas le français. Et lorsqu’on ne connait pas la langue d’un pays, il est difficile, très difficile de trouver un emploi salarié à hauteur de ses savoir-faire. D’autant lorsqu’on est arrivé par des chemins de souffrances. La France n’aurait dû être qu’une étape vers le Royaume-Uni, elle y resta une vingtaine d’années. Aujourd’hui, elle vit en Écosse, dans un village où il y a plus de distilleries que d’habitant et travaille aux relations internationales pour une grande marque de whisky.
Au début, elle me demanda de lui apprendre le français, des cours de conversations. En échange, elle m’initiait au philippin. Puis au japonais. Nous en vînmes à parler littérature, poésie. Elle me lisait ses textes, je me laissais bercer par les assonances. Elle m’en expliquait le sens. Et plus nous nous connaissions et plus j’avais envie de « translater » son univers, le donner à voir.
Plusieurs des textes de ces recueils ont été accueillis par des revues aussi différentes que Décharges, Bacchanales, Cortex… Dès qu’elle le put, Akima écrivit en français. D’abord de courtes nouvelles comme Les danseurs Za-Pa (lauréat du prix « nouvelles écriture » en 2004) ou Futile indolence, puis un roman fragmentaire publié en grande partie par la revue Ricercare : Les fins désespoirs.
Sommeil d’éclat et Haïku kara Satho sont les deux seuls recueils qu’elle ait souhaité voir publier. J’espère sincèrement qu’elle nous permettra de vous proposer d’autres poésies même si, aujourd’hui, sa vie se conduit sur de nouveaux chemins.
Les illustrations qui accompagnent ces recueils sont de Valérie Lamarre. Vous pouvez découvrir son travail sur son site :